LIVRE
A l’occasion de la sortie du nouveau livre d’Olivier Weber, rencontre à la Scam le 20 février à 19h30, avec Olivier Weber et Malay Phcar, artiste et écrivain cambodgien, survivant du génocide sous le règne de Pol Pot et des Khmers rouges (de 1975 à 1979), échappé des camps de travail, il a raconté son odyssée dans un film, Retour au Cambodge. Il vit aujourd’hui en région parisienne.
Les Khmers rouges ont régné sur le Cambodge de 1975 à 1979. À cette date, une partie d’entre eux ont dénoncé leurs chefs et négocié financièrement leur liberté. En échange de quoi, ils ont créé dans le nord du pays la « zone de Pailin », l’état de non-droit des anciens Khmers rouges ; ils n’ont jamais été jugés ni inquiétés.
Olivier Weber, non sans risques, enquête dans ce sous-royaume dirigé par d’anciens Khmers rouges et leurs complices et dont le maître est un ex-garde du corps de Pol Pot. Casinos, bordels, trafic de rubis, ils ont construit un état mafieux ou une mafia-état ou chacun sait qui sont les anciens bourreaux qui ont su se reconvertir. Comme souvent dans les zones de « post-conflit » se mêlent les victimes et ceux qui les ont traquées. Ici comme naguère, les relations humaines s’établissent dans la terreur ; ici on boit des bières entouré d’hommes qui ont broyé, torturé, enfermé leurs compatriotes avant de terroriser leur descendance.
Dans cette enclave sans frontière, les tortionnaires d’hier ont acheté la paix en installant une des chambres de compensation des mafias d’Asie. Des millions de dollars gonflent ainsi la masse des deux mille milliards de dollars illicites qui circulent chaque année dans le monde. Recyclage des consciences, recyclage de l’argent sale.
La nouvelle banalité du mal, que n’ont pas atteint les récents procès politiques qui se sont déroulés au Cambodge, se situe aussi dans cette criminalité organisée sur laquelle le monde ferme les yeux.